Je vous conseille vivement...

Je vous conseille ce blog de passionné de la littérature jeunesse.

Des libraires qui lisent, expliquent et donnent envie de lire aux parents et aux enfants.

Le blog est très sympa, on voit défiler les librairies de nos quartiers, celles qu'on aime, on clique sur la photo et on rentre sur leur site, dans leur univers.
Pour vous donner un exemple de la qualié des articles, je vous ai recopié  (Ctrl c/Ctrl v, je maitrise à fond), un article d'un éditeur que j'adore sur un thème etc.

"Né sur X

• Anne Percin

• Roman, Thierry Magnier - 7,50 €

Nicolas a dix ans (et demi) et vient d’entrer en sixième. Ses parents ont jugé le moment venu de lui révéler la vérité : ils ont adopté le garçon, qui avait été confié aux services sociaux par une génitrice anonyme. Même si depuis longtemps déjà Nicolas soupçonnait quelque chose, il lui est impossible d’admettre la réalité. Alors, il s’en évade : verrouillant son esprit au discours abscons sur l’adoption, il se forge la conviction d’être né sur la planète X. Si Nicolas est différent, c’est bien parce qu’il n’est pas originaire de ce monde. Captif des « Gloums », l’enfant n’aspire plus dès lors qu’à regagner sa planète. Bientôt, il semble ne plus voir le monde qu’à travers le filtre de sa fantaisie imaginative, qui va le rendre sensible au sort de jeunes « aliens » comme lui : son nouveau voisin Thomas, battu par un père alcoolique ; Roxane, petite fille dont les parents sont en instance de divorce.

Délicat, le sujet de l’adoption l’est à plus d’un titre, notamment du fait (à mes yeux) que les sociétés occidentales tendent à minimiser la dimension culturelle de la filiation en assimilant cette dernière au rapport biologique entre géniteurs et progéniture. Si Né sur X n’est pas un livre à thèse, il me semble néanmoins sous-tendu en partie par le rejet de cette confusion.

Pour son troisième roman, Anne Percin revient à la forme du journal qui contribuait à la force de Point de côté. Nicolas croit-il véritablement à ce qu’il écrit ? N’essaierait-il pas plutôt de se convaincre lui-même ? Ou bien encore, en donnant corps à ce rêve éveillé, de détourner sa pensée d’une réalité trop douloureuse qu’il aurait parfaitement saisie ? Peu importe, au fond… Palpable à chaque page, le désarroi du petit garçon ne l’empêche pas de se livrer à des jeux d’écriture pleins d’humour où il fait preuve de fantaisie et d’imagination. Ce n’est que de manière fragmentaire que les pages de ce journal renseignent le lecteur sur le quotidien de Nicolas, obnubilé par le fantasme de ses origines : la vie au collège par exemple ne l’intéresse pas, aussi celle­-ci n’apparaît-elle qu’en pointillés ; les évocations de la vie sur X, ses projets de retour, les événements liés à Thomas puis à Roxane occupent l’essentiel de son cahier. Les mois qui s’écoulent, les moments passés avec ses deux nouveaux amis, l’adoption d’un chien errant vont le préparer à accepter sereinement la réalité : quasiment du jour au lendemain, Nicolas abandonne sa fiction et se réconcilie avec ses parents, achevant son journal par un constat à la Törless, l’optimisme en plus. Avec Né sur X, Anne Percin réussit à donner vie à un petit garçon attachant, à travers un récit qui émeut d’autant plus qu’il s’interdit tout misérabilisme et procédé facile.

Thomas Savary, Voyelles"